Concert 16 juin 2019 Nancy

Le  Chœur et  Orchestre  Gaston  Stoltz,  

revient en juin 2019 à la musique française. Avec la volonté de diversifier encore ses programmes, dans la continuité, mais aussi de rendre un hommage discret mais significatif à Gaston Stoltz, qui créa en 1919 l’Orchestre du Lycée Poincaré : les compositeurs français, tout au long des multiples concerts de ce fameux ensemble, y occupaient en effet la meilleure place. Les rangs du C.O.G.S. bruissent encore, parfois, de ces souvenirs intenses.

La Messe solennelle « de Ste Cécile » de Charles GOUNOD a une certaine célébrité, en tant qu’œuvre chorale, et se donne généralement, comme pour lors de sa création en 1855, avec de grands effectifs. Le C.O.G.S. va en donner une version moins massive, plus musicale, c’est son souhait, qui devrait mettre en évidence le rôle de l’orchestre, son expressivité et son raffinement.

GOUNOD : musicien de théâtre, ou musicien religieux voire mystique ? La Messe de Ste Cécile reflète cette question, notamment à travers le traitement des voix, solistes et chorales, qui est aussi un élément essentiel du style de Gounod, lui-même représentatif de cette musique française du XIXème siècle.

La musique pour orchestre du Ballet de Faust apporte de la diversité à ce programme : airs et rythmes encore célèbres, enlevés et plaisants, même si les metteurs en scène délaissent souvent de nos jours ce ballet. On rappellera que dans l’opéra Faust, ce ballet est intégré à l’orgie « somptueuse et antique » de la Nuit de Walpurgis.

Deux jeunes artistes lyriques français Sophie DESMARS (soprano) et Karl LAQUIT (ténor), avec à leur côté Robert BOSCHIERO (basse), professeur de chant au Conservatoire d’Epinal,apportent leur concours à ce programme.

Ce concert est aussi un prélude aux concerts d’automne (11 novembre, EPINAL, église N.D.au Cierge – 24 novembre, VANDOEUVRE, église Ste Bernadette), où le profane et le religieux, le dramatique et le sacré se mêleront davantage avec des extraits chantés de l’opéra Faust.

D.COLOMBAT

 

Solistes : Sophie Desmars, Karl Laquit, Robert Boschiero

Kyrie(extrait) Messe solennelle GOUNOD

Agnus Dei (extrait) Messe solennelleGOUNOD

 

 

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Charles GOUNOD   1818-1893

 

 

GOUNOD et Gaston STOLTZ                                                                                                                                                                                   

par Gérard CONDÉ

 

A l’âge où l’on croit tout connaître, la tête pleine de Wagner et de Beethoven, de Berlioz, de Pelléas et des symphonies de Haydn, il restait peu de place pour Gounod. La révélation de ses mélodies, où Roger Delage voyait un domaine d’élection, puis du Médecin malgré lui à l’Opéra-Comique, les allusions de Max Deutsch qui, tout en m’initiant à Schoenberg, citait la scène de la Crau, dans Mireille, m’ont fait peu à peu prendre conscience de mon aveuglement. De mon ingratitude, surtout, puisque je devais à Gounod une grande émotion d’enfance. Au sein du chœur du lycée Henri Poincaré, à Nancy, j’avais chanté la partie d’alto de Gallia, découvrant, au fil des semaines, les principes de la polyphonie, puis les sonorités du grand orchestre qui, un beau soir, envahit tout l’espace de la salle de répétitions quand le maître d’œuvre, Gaston Stoltz (qui avait jusque là soutenu les voix sur son alto), monta au pupitre et, enfin, la puissance d’une grande voix de soprano. Tout cela était nouveau, merveilleux, fondateur. Je lançais à pleins poumons « Jérusalem, Jérusalem, reviens, reviens vers le Seigneur ! », sans comprendre la portée métaphorique des paroles et, surtout, sans juger cette partition qui ne devait plus quitter ma mémoire.

 On pourra protester, et je peux même m’avouer, que Gounod a eu des inspirations plus subtiles ; mais ce n’est peut-être pas un hasard si cette invitation à retrouver la foi des ancêtres a trouvé son écho :Gounod avait le don de l’éloquence. 

 

                 Charles GOUNOD , par Gérard Condé

                 Ed.Fayard – p.9